Pour ne plus confondre : capitales, majuscules, bas-de-casse et minuscules

Les confusions étant courantes, un petit rappel est toujours utile : « majuscule » et « capitale » ne sont pas synonymes, « minuscule » et « bas-de-casse » non plus.

  • Majuscule et minuscule sont des lettres, elles appartiennent au domaine de la grammaire ; elles sont de l’ordre de l’idée, de l’abstrait, elles représentent une notion totalement indépendante de la forme visuelle.
  • Capitale et bas-de-casse sont des caractères de typographie, domaine du graphisme ; ils représentent une graphie, un type de glyphe (dessin d’un caractère typographique).

Il y a donc d’une part la grammaire qui indique que, dans une langue donnée, la première lettre de certains mots sont des majuscules (lettres majeures – par ex. la première lettre d’une phrase, la première lettre d’un nom propre…), la plupart des autres lettres du texte étant des minuscules (lettres mineures). Il s’agit d’une simple notion, abstraite, et si l’imprimerie ni l’écriture n’existaient, cela n’y changerait rien : Peu importe la forme écrite ou imprimée, la grammaire ne varie pas.
Si on écrit « JE VAIS À VENISE. », la description grammaticale indique toujours que deux majuscules seulement sont présentes dans ce texte (le J de JE et le V de VENISE) et que toutes les autres lettres sont des minuscules bien qu’elles apparaissent ici toutes en capitales.

D’autre part, il y a la typographie (et avant elle la calligraphie) dont le but est de donner à nos mots une forme graphique, d’en faire, au sens propre, des images, pour mieux les diffuser. Mais sa fonction n’est pas de représenter strictement les règles de grammaire. D’autres paramètres et objectifs entrent en jeu et finalement majuscules et minuscules ne se trouvent pas forcément toutes différenciées visuellement :
Dans une publication, les divers niveaux de lectures (titres, sous-titres, texte courant, notes, encarts…) doivent se distinguer clairement entre eux. Une bonne organisation visuelle est indispensable à la bonne compréhension du message ; une typographie bien menée permet une information efficace. On utilise alors les variantes de styles typographiques – ainsi souvent les titres apparaissent tout en capitales mais sans que cela modifie la description grammaticale (v. exemple précédent).

En typographie toujours : les lettres qui ne sont pas de type « capitale » sont appelées « bas-de-casse ». Elles conviennent mieux à la lecture des textes longs.

De même que les capitales ne sont pas strictement la représentation des majuscules, les bas-de-casse ne sont pas strictement la représentation des minuscules. C’est bien sûr l’usage le plus courant mais il ne s’agit au fond que d’une convention. Voici un contre-exemple : quantité de marques (Arte, Arianespace, France Télévision, France Télécom, Orange, Free, EDF, Pôle Emploi comme ANPE, CNRS, ESA, Adidas, Amazon, Ebay, AT&T, Motorola (nouveau logo), Intel, Nutella, Pepsi (nouveau logo), UPS, Smart, Facebook, Twitter etc.) ont choisi d’utiliser en partie ou en totalité des bas-de-casse dans leurs logotypes pour représenter des majuscules.

Capitales et petites capitales

Outre les capitales et les bas-de-casse, la typographie fournit une troisième forme, intermédiaire : les petites capitales. De dessin quasi-identique à celui des « grandes » capitales, elles sont moins hautes.

  1. « Je vais à Venise »
  2. « Je vais à Venise »
  3. « Je vais à Venise »

Le premier texte est tout en capitales (typique usage de titre), le deuxième est en capitales et petites capitales (un texte mis en valeur et dont les majuscules représentées par de grandes capitales), le troisième utilise capitales et bas-de-casse (usage courant, forme classique qui suit la grammaire). Du point de vue de la grammaire, ces trois textes sont totalement identiques.
La hauteur d’x des petites capitales est égale à celle des bas-de-casse.

Origine des termes

Pour ce qui est des majuscules et des minuscules, on pourra retenir simplement les appellations correspondantes, assez signifiantes : « lettres majeures » et « lettres mineures » en tant que notions abstraites.

Les termes capitales et bas-de-casse proviennent de l’imprimerie au plomb : les caractères en plomb que l’on assemblait pour former les lignes de textes étaient conservés dans une « casse », un casier spécial rassemblant tous les caractères d’une même fonte. Les cases du haut de la casse recevaient les capitales (du latin caput : tête) tandis qu’en bas de la casse se trouvaient les caractères, plus accessibles, des plombs de « bas-de-casse », plus nombreux et d’utilisation plus fréquente.

En passant, pour information :

1 casse = 1 fonte
Une fonte est l’ensemble des caractères d’une même famille (Garamond, Bodoni…), de même style (romain, italique), de même graisse (gras/bold, normal/regular, maigre/light…) et de même corps (10pt, 12pt, 14pt…).
Une police est l’ensemble des fontes d’une même famille.

En pratique, en PAO

Lors de la saisie, dans un logiciel de mise en page ou de traitement de texte, la bonne pratique consiste à éviter de transcrire directement en capitales des mots entiers. On doit se contenter de suivre simplement la règle grammaticale selon l’usage courant (minuscules en bas-de-casse, majuscules en capitales) sans anticiper sur la forme graphique finale de la publication.

Quelques explications :

Il est toujours possible de transformer après-coup en capitales, via une commande de stylisation rapide du logiciel de PAO, les caractères saisis au départ en bas-de-casse, puis de rétablir si besoin la forme initiale car cette information est conservée.
Faire l’inverse n’est souvent pas possible : Beaucoup de logiciels ne permettent pas de transformer en bas-de-casse les lettres saisies en capitales directement. Si nécessaire, il ne reste alors comme solution que d’effacer le texte et le saisir à nouveau pour le faire apparaître en bas-de-casse… Pas très pratique !
Hormis pour une liste de sigles ou d’initiales, mieux vaut ne jamais taper un texte tout en capitales directement, touche « Verrouillage majuscules » enfoncée, sous prétexte par exemple qu’il s’agit d’un titre…

Je suppose (mais ça reste à vérifier) que l’origine de ce fonctionnement logiciel tient au fait que les concepteurs des systèmes de saisie ont suivi le principe habituel de représentation typographique :

  • Une transcription en bas-de-casse indique des minuscules, qui peuvent le cas échéant prendre une forme de caractères en capitales.
  • Une transcription en capitales indique des majuscules, qu’il convient de ne pas faire apparaître sous forme de caractères bas-de-casse.

Une autre bonne raison de ne pas abuser du verrouillage majuscule est que lorsque le texte est transmis au maquettiste ou à un autre intervenant, une présentation favorisant la compréhension de la grammaire est très utile (identifier un nom propre, un sigle, un chiffre romain…) pour un traitement en conséquence.

Enfin si un graphiste est engagé, les choix typographiques sont à la fois de son ressort et à sa charge ; inutile de lui compliquer la tâche.

Savez-vous que la présence de la touche de verrouillage des majuscules est sérieusement remise en question, sinon sa disposition sur le clavier qui la rend trop accessible selon nombre de personnes qui n’apprécient pas l’utilisation qui en est faite ? Certains envisagent, ou militent pour… sa disparition.