À NOËL ou en ÉTÉ… on met des accents sur les lettres en capitales !

À la question « Faut-il mettre des accents sur les lettres en capitales ? », répondez « Oui », toujours !

C’est une question de bon sens. Un accent n’est pas un simple accessoire orthographique, il peut changer radicalement le sens d’un mot, d’un verbe, de tout un texte : c’est aussi de la grammaire.
Si je vous annonce sans accent que je viens de lire UN MESSAGE GRAVE SUR LES COTES DES MARCHES, jamais vous ne saurez s’il s’agit de graffitis sur un escalier ou d’une sombre affaire de finance…

Si vous voulez que l’on comprenne ce que vous voulez dire, n’omettez jamais les accents.
« CHACUN A SA TACHE » ou « LE PLUS GRAND FUT LACHE SUR LA CRETE » laissent beaucoup de doutes…

les accents doivent logiquement apparaître sur les lettres en capitales. Ils y sont aussi nécessaires que sur les bas-de-casse.
Un « À » de début de phrase porte aussi son accent grave s’il s’agit d’une préposition !

Comment interpréter ces textes sans accents ? :

  • UN DEPLACEMENT DE VERTEBRES SUR LES COTES.
    …des vertébrés sur les côtes / des vertèbres sur les cotés
  • TOUTES LES TACHES SONT REPARTIES.
    tâches / taches – réparties / reparties
  • LE GIVRE MENACE MEME A CANNES.
    Le givre menace même à Cannes / Le givré menace mémé…
  • C’EST LA MEME QUE SON FILS PREFERE.
    C’est la même que son fils préféré. / C’est la mémé que son fils préfère.
  • COMMANDE : 1 ROSE, 2 PLATS SALES (remis en mains propres)
    Ou plutôt : un rosé et deux plats salés ?
  • VOILA DES PATES, DE LA MEME CUISINIERE.
    …des pâtés de la mémé cuisinière ?
  • UN POLICIER TUE.
    Victime ou tueur ?
  • UN PETIT LIVRE A LA POLICE RESTE MUET.
    Un petit livré à la police resté muet ?
  • DE VIOLENTS SINISTRES ABATTENT DEUX CURES ET CINQ DEMEURES.
    sinistres / sinistrés – cures / curés – demeures / demeurés
  • IL TIRE SON DE PIPE EN BOIS.
    Il tire son dé pipé en bois. / Il tire [un] son [d’une] pipe en bois.
  • LE MINISTRE AMPUTE LES RETRAITES, LES RETRAITES LEVENT LE POING.
    Aîe aïe aîe !

Origine née d’une mauvaise habitude

Une contrainte technique amenait ou obligeait autrefois les imprimeurs à omettre les accents sur des textes en capitales. D’autre part, des systèmes de composition et de reproduction d’origine anglo-saxonne ne comportaient pas d’accents, puisque inutiles en anglais. Vous pourrez en lire plus sur ce sujet par ici et ailleurs, en cherchant un peu… Des raisons caduques donc, mais dont se nourrissent toujours des paresseux !

Faire d’une contrainte technique ancienne et depuis longtemps dépassée une règle d’usage est une aberration. La soi-disant loi typographique assenée péremptoirement par répétition d’un enseignement inculqué d’autorité ne trouve au mieux, parfois, lorsqu’on les convoquent, que quelques faibles arguments sans valeur. Une mauvaise pratique que chaque rédacteur, typographe, graphiste… doit combattre.
Comme aujourd’hui les outils le permettent, une composition honnête doit faire apparaître les accents à leur place, pour la bonne compréhension et la bonne prononciation des textes et des noms.

En pratique

Si une raison exceptionnelle amène une impossibilité d’utiliser les accents (comme l’utilisation imposée d’une police d’origine anglo-saxonne n’incluant pas d’accent), il ne faut alors en mettre aucun sur l’ensemble de la composition (c. à d. y compris dans les parties du texte utilisant une police qui permet les accents). Ce principe est indiqué par l’Imprimerie Nationale dans son « Lexique des règles typographiques ».
D’une façon générale, le lexique préconise d’uniformiser un choix pour un usage donné dans une même composition : éviter de mixer des « etc. » et des points de suspension jouant le même rôle, des nombres en chiffres romains et des nombres en toutes lettres pour indiquer un même type de données etc. – il faut faire un choix et s’y tenir. La cohérence dans la composition facilite la lecture et évite les confusions.

Dans le cas des accents le principe est d’autant plus crucial que si l’on voit des accents sur certains mots en capitales, on pensera logiquement que tout autre mot en capitales sans accent est correctement transcrit, se lit et se comprend tel quel même si c’est faux. L’incohérence de composition provoque alors une erreur de sens. En ne mettant aucun accent nulle part, on permet au moins que chaque ambigüité soit suspectée (ce qui n’est quand même, décidément, pas la plus confortable des façons de lire).


Pour poursuivre sur le sujet :

j.poitou.free.fr/pro/html/typ/cap-accents.html
www.synec-doc.be/doc/accents2.htm
www.deluxeavenue.com/typo….